

Marie passe une enfance et adolescence meudonnaise entre Potager du Dauphin, forêt, et carrières. Écolière de Ferdinand Buisson, elle est une enfant qui sait s’occuper: les kleenex pastels servent vite d’habits aux barbies et les petits papiers font des mobiles en un rien de temps! A la Source puis au Lycée Rabelais, on la verra débarquer avec des vestes façon papier journal ( très tendances à l’époque!). Elle vient d’acquérir une surjeteuse et confectionne toutes sortes de pièces pour ses amis. Des costumes de nouvel-an aux tenues pour sortir « en soirées » le week-end, il y a des plumes et des sequins! Ça brille et c’est déjà très organique…
« Elle ne s’appelait pas Rose pour rien. »

Rose c’est la grand-mère de Marie. Elle aussi habite Meudon Ville Fleurie et apprécie les parterres! Les vacances se passent en famille à Montalivet sur la côte atlantique. Terrain de jeu adoré des botanistes, paradis des salicornes, lavandes de mer et oreilles de cochon (aster maritime).


Rose fait l’inventaire de la faune et de la flore sauvage de Gironde. Elle entraîne Marie à la découverte des prés salés, dunes blanches et lande humide. Ensemble, elles regardent les livres de botanique, fabriquent des herbiers, observent les oiseaux et imitent leurs cris. Rose peut donner le curriculum vitae complet d’un oiseau avec dates d’hibernation et plumage de la femelle en entendant son chant!

A Meudon, elle compose plus de 300 sous-verres de fleurs séchées sur du papier Canson. Elle sera la première cliente de Marie pour le Bestiaire, sa meilleure ambassadrice, portant ses tops en soie peints à la main à près de 90 ans.
Création pure et dure

Marie fait ses études à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts-Appliqués Duperré. Intéressée par la matière, les planches tendances et les palettes de couleur, son désir est de travailler le textile plutôt que le stylisme préférant l’abstrait au chiffon! Finalement prise en stylisme, l’état d’esprit de l’école lui convient parfaitement. Elle oriente son BTS à sa manière et réussi à garder le côté textile qui lui est cher. « L’école Duperré, c’est le royaume de l’imagination. C’est une école de création pure et dure. Tu fais à partir de rien. On t’apprend à créer une collection de soixante pièces en ramassant un chewing-gum et un bout de ficelle dans la rue. Même si le fossé technique avec le monde du travail existe, c’est un apprentissage essentiel! »
« Je me suis éclatée dans le stylisme! J’ai eu l’opportunité de faire mon stage de première année chez José Levy, le « grand » des « jeunes créateurs ». C’était une ambiance de boite familiale et de copains où l’on touchait à tout. J’étais tour à tour petite main , assistante de l’attachée de presse, assistante styliste! ». Cette très bonne entente permet à Marie d’être toujours rappelée pour aider aux défilés. Elle participe à la vie de la maison José Levy durant deux ans après son stage. « Je gérais les backstages, je venais en appui sur des fins de conception. J’ai appris beaucoup et cela m’a permis d’entrer dans le concret notamment avec les visites d’usines. » Une seconde opportunité se présente dans le stylisme et Marie devient l’assistante du styliste suisse Beat Bolliger durant un an.
C’est à ce moment que le textile revient dans sa vie. Augustin Granet, fils de la sculptrice Roselyne Granet, créateur de luminaires en bronze dans l’esprit Diego Giacommeti (frère d’Alberto) souhaite ouvrir des boutiques à Paris et faire une proposition plus large que la quincaillerie (tringles, poignées, paternes) déjà en vente. Il ouvre alors une petite usine de menuiserie à Fécamp et décline une gamme de mobilier marqueté en chêne massif. Il souhaite élargir l’offre au textile et fait appel à Marie.

Sa mission est de créer une collection en tant que styliste textile mais elle devient aussi responsable de la boutique de la rue du Cherche Midi et acheteuse shopping au salon Maison et Objet. Sa première collection de rideaux et coussins est revendue au Bon Marché. Une Deuxième boutique ouvre rue de Tournon (6°), puis une troisième rue Guichard (16°). La collaboration dure 10 ans.
L’oiseau prend son envol


Nous sommes en 2007. Travailler de chez soi peut être parfois pesant et Marie a besoin de nouveaux horizons. Elle décide de migrer à Montmartre où elle est vite adoptée.
Voilà le besoin impérieux de bidouiller, bricoler, essayer, en un mot de créer qui la reprend! Elle se cherche en repassant « en mode création » et procède au départ à des tests de fleurs et de plumes brodées ou peintes sur de la soie. Elle retrouve ses gestes, comme un écho à ses après-midi Meudonnaises, quand elle tendait de grands draps blancs en extérieur et faisait des fresques avec Anne-Gaëlle Poirier alias Noon devenue artiste Street-Art reconnue et native de Meudon. http://globalstreetart.com/noon
Son inspiration est depuis longtemps du côté des Bestiaires du Moyen âge, le « Cabinet de curiosités naturelles » d’Albertus Seba, les merveilleuses planches botaniques de Pierre-Joseph Redouté, le grand Klimt et les arts décoratifs.

Elle se trouve sur ces chemins: LeBestiaire est né! http://le-bestiaire.com
« J’étais à mon bureau, je vois des photos et des post-it et puis je vois une image d’oiseau. A l’époque une amie maroquinière me donnait ses chutes de cuir. Je commence à découper des pétales de cuir et à les disposer sur un sweat -shirt en forme d’ailes… Ça me plait mais je doute que toutes les filles souhaitent être transformées en volatiles!
Les premiers sweat sont achetés par des copains. Elle ouvre une page facebook sans trop y croire et se retrouve bombardée de « like »! Les premières ventes sont des « petites ventes entre amies » en appartement attirant par dizaine des responsables de boutiques. Marie se crée ainsi un premier réseau de revendeurs grâce aux réseaux sociaux et au bouche à oreille. Elle devient auto-entrepreneur et ouvre un site Internet. Elle est débordée! Son sweat à la fois raffiné et confort devient le « it » des parisiennes branchées. « Et voilà comment je me suis retrouvée à couper des plumes jours et nuits. »
https://www.timeout.fr/paris/shopping/lebestiaire

Agrandir le nid


Elle réussi à vivre de cette manière pendant huit ans.
A la longue être face au mur en flux tendu sans récupérer de trésorerie devient épuisant. Il faut donc amorcer un changement et voir plus grand. En 2016, elle retrouve son ami et futur partenaire Alexis Cabanne, propriétaire, entre autre, de la maison familiale Féret Parfumeur.
Le Bestiaire bénéficie alors d’une nouvelle impulsion. Ensemble, ils se mettent à rêver d’un projet commun : imaginer une collection automne-hiver 2017-2018, entièrement fabriquée en France.
Retour au bercail

Cette nouvelle étape coïncide avec un réel besoin de retour aux sources dans la maison familiale à Meudon. Marie retrouve son jardin, cultive son potager, taille ses rosiers. Elle se reconnecte à son enfance, parle à ses plantes et les prend en photo sous toutes les coutures. Elle aime le zoom, sublime ses modèles en les prenant de très prêt pour révéler leur aspect graphique.
Elle peut se permettre de concrétiser sa collaboration avec son binôme Magali Daniel professionnelle de la communication et ancienne élève de Saint-Edmond et du lycée Rabelais rencontrée il y a 25 ans.

Depuis deux ans et demi, Marie et Magali sont installées à Versailles dans le quartier des antiquaires. Dans une démarche responsable Made in France, elles ont choisi l’emblème de l’abeille. Par sa fragilité et la nécessité de la préserver, elle est en quelque sorte le symbole du savoir-faire français.
Les abeilles sont au travail. En 12 ans, Marie a vendu 10 000 pièces de femme-oiseau!Vous pouvez retrouver ses créations sur le site http://www.le-bestiaire.com
Et rencontrer la créatrice au Marché des Créateurs de Versailles en avril…


Très beau sujet que je viens de partager sur twitter. J’apprécie beaucoup votre blog. En tant que meudonnaise depuis ma naissance je pense que c’est une plue value pour notre ville que d’en connaître l’actualité sous l’angle de ses nouveaux créateurs dans tous les domaines.
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Cela me touche énormément ! Au plaisir de vous rencontrer dans notre belle ville. Nadia
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