Verdure et partage
Julie Desprairies est née en 1975. Elle est encore petite quand ses parents décident de s’installer en communauté avec un couple d’amis ayant un enfant du même âge. Elle grandit entre les idéaux de 68 et la mouvance hippie. Rue des Lampes à Meudon, ils poursuivent un idéal utopique comme d’autres familles de la ville avec les Réages, les Jardies ou à la Maison du Val. Écolière à La Source, elle apprend au rythme d’une pédagogie nouvelle. Il règne une atmosphère de solidarité entre les gens du quartier, c’est une grande famille avec qui elle partage son enfance. Son père souhaite lui faire découvrir l’école publique pour plus de brassage social à l’heure du collège. Elle entre à Rabelais et y passe son adolescence.
De Meudon, elle garde de précieux souvenirs d’une atmosphère provinciale, verdoyante et chaleureuse. La forêt, les perspectives plongeantes, l’aération des espaces, les longs moments passés à arpenter la ville pour accompagner les copains… La ville contribue à stimuler son imaginaire et faire naître des sensations qu’elle retrouve aujourd’hui.
A l’issu de cette scolarité meudonnaise, elle part à la recherche de nouveaux territoires et de nouvelles références culturelles en débutant à Paris des études de théâtre et d’arts-plastiques. « Je concevais des performances artistiques seule ou avec des amis. Le travail du comédien et la mise en scène du texte n’étaient pas ma voie, mais, j’ai rapidement été attirée par les démarches liées au corps, le travail de plasticien, l’activation d’objets, l’espace ». Admissible à l’agrégation d’arts-plastiques, après avoir été chargée des arts-plastiques à la Cité Universitaire , elle se lance dans l’aventure de la création revendiquant une danse appliquée (comme on parle d’« art appliqué »). Le corps est envisagé dans son rapport à un espace donné, servant d’outil de mesure des espaces construits. L’espace est lui abordé dans toutes ses composantes qu’elles soient matérielles, historiques, conceptuelles ou idéologiques. Ainsi, ses chorégraphies sont écrites et présentées dans les bâtiments, dont les caractéristiques spatiales, historiques, humaines orientent ses choix dramaturgiques, plastiques et chorégraphiques.


Réalisations
Elle crée son premier spectacle dans des carrières de pierre du Pont-du-Gard. Matériaux, usages et spécificités du site sont à l’origine de son travail. Elle affirme sa démarche contextuelle en l’appliquant à plusieurs architectures modernes et contemporaines (Hôtel de ville de Blanc-Mesnil, Auditorium-Opéra de Dijon, le Centre Pompidou-Metz ) .
Son goût des gestes prélevés dans les lieux qu’elle investit l’amène à s’intéresser aux gestes du travail (deux ans de résidence à la Manufacture de Sèvres). Elle associe très souvent à ses créations les personnes rencontrées sur place. Si ses pièces s’inscrivent dans des lieux publics, elle développe des projets déclinables, autour du paysage et de l’agriculture ou sur le thème de la fête foraine.
La région Rhône Alpes revêt une importance particulière pour la Compagnie des prairies basée à Lyon. En 2006, la Biennale de Lyon lui commande un parcours dans les grattes-ciel de Villeurbanne. Ce grand projet contribue à faire connaître cette oeuvre de l’architecture moderne au grand-public et développer un véritable attrait.
L’Opera nell’opera
En 2012, l’Opéra de Lyon lui laisse carte blanche pour une création mêlant professionnels et amateurs à travers un parcours artistique investissant tout le bâtiment. Julie se méfie des discours démagogiques sur la démocratisation culturelle et le rôle de l’artiste dans la Cité. Le service d’action culturelle, assez précurseur, accède à sa demande: pour cent participants de l’extérieur, cent participants doivent venir de l’Opéra lui-même! Un grand nombre d’entre eux ont une grande culture lyrique. De l’habilleuse au directeur financier ,cent quatre-vingt dix-sept interprètes investissent le bâtiment sur le principe architectural de Jean Nouvel: l’opéra dans l’opéra.
NEW GUINGUETTE
Julie a retrouvé Meudon le temps d’un projet pour notre plus grand bonheur et chorégraphié les danses de New Guinguette. Le 19 mai dernier après plusieurs répétitions, danseurs amateurs et professionnels ont entraîné les habitants de tous âges sur la piste de danse du Centre Robert Doisneau au son des compositions d’Andy Emler interprétées par les musiciens du Collectif La Boutique.
A suivre…
Invitée à piloter des projets associant d’autres chorégraphes (mission de réflexion sur l’avenir du Théâtre municipal de Grenoble – La Beauté du geste Théâtre de Brétigny). Julie Desprairies intervient régulièrement dans des écoles d’art et d’architecture sur la thématique du rapport entre la danse et l’architecture, la danse et le cinéma, la création participative avec les amateurs (Formation Prototype – Royaumont).
